Une année aux USA...
Voilà une année, pile poil, jour pour jour que j'atterrissais à New York pour le début d'une grande expérience. Depuis quelques jours (semaines) je suis exactement dans le même état d'esprit qu'il y a un an tout pile : je passe par toutes les émotions, on en revient au "Je ris, je pleure, je stresse, j'ai peur". C'est fou, psychologiquement j'imagine que passer le cap de 1 an, ça fait drôle.
Je me rappelle parfaitement ce moment de dire "aurevoir" à ma famille dans l'aéroport, aurevoir précipité, beaucoup de larmes alors que je disais toujours que je serais forte et que "je m'en fous je pleurerai pas !" mon OEIL, j'ai pleuré comme une madeleine. Arrivée dans l'avion - le premier avion que je prenais de ma vie - je me retrouve fascinée par le fait qu'on ait pu inventer un objet volant sur d'aussi longues distances et qui puisse transporter des gens etc ! Côté hublot, j'admire le sol s'éloigner, puis le ciel et les nuages, je ne décolle pas mes yeux du hublot les deux premières heures.
Et puis 10-11 heures plus tard, j'atterris à New York. Réussir à comprendre l'anglais parlé couramment, premier challenge. Ils parlent vite ces ricains !! En sachant aussi que j'avais arrêté les cours d'anglais après le lycée, donc 3 ans auparavant. Mais je récupère vite. Je rencontre d'autres filles au pair dans l'aéroport, on décide de s'unir pour être fortes !! On réserve un "shuttle" (minibus) pour aller à l'hôtel où l'agence au pair nous avait réservé nos chambres. Sur la route, émerveillement : "Je suis aux USA ! Je suis à New York !" on regardait partout pour ne rien rater, "oh un panneau en anglais !" ou bien "oh regarde leurs plaque d'immatriculation !"
Ensuite l'hôtel, bien beau, très bien situé à moins de 10 minutes de Times Square là où tout se passe. Les cours sur le développement de l'enfant, la vie aux USA et les règles de l'agence étaient à 80% ennuyeux, heureusement qu'on était à NYC et qu'on avait des "prof" sympas. J'ai pu visiter Times Square, Central park, j'étais à Ground Zero le 11 septembre 2012 (super moment). Très bon souvenir de New York City, et puis les premiers jours sur le sol américain on est juste totalement GAGA, euphorique..
Le vendredi 14 septembre 2012 : départ pour Dallas, Texas pour rejoindre ma famille d'accueil. Bon petit stress sur le chemin "et si ça se passe mal, et si le courant passe pas, et si et si..". Arrivée à l'aéroport de Dallas, ma maman d'accueil est venue me chercher avec sa mère (la grand-mère). Accueil super chaleureux, elles ont l'air très gentilles, on va dans un restaurant et j'ose pas commander quelque chose en sachant que c'est elle qui va payer ! Mais elle insiste beaucoup, alors je mange..
Arrivée dans la "maison" (qui était en fait un appartement pour moi, et un pour eux), je rencontre les filles pour la première fois. Sienna étant un bébé (4 mois), elle ne se préoccupe pas de moi. Sophie ayant 3 ans, elle ne se préoccupe pas de moi non plus AHAHA. Elle m'a littéralement ignorée au moins la première semaine je dirais. Elles avaient déjà 4 nounous (oui oui, quatre), donc Sophie bien sûr restait avec les autres nounous, je n'étais là qu'en observatrice pour les débuts.. Je respecte totalement le fait qu'elle ait besoin de temps pour se familiariser et faire confiance à quelqu'un. Quand je vois maintenant la relation que j'ai avec Sienna et Sophie, on peut dire que ça a bien évolué (heureusement !). Le premier mot de Sienna était FRANCAIS, elle a dit "Merci" et j'ai même la vidéo AHAHA. Sophie m'aime et je l'aime, elle n'arrête pas de me faire des calins alors qu'elle est sauvage avec tout le monde ! Les deux petites se comportent à merveille quand elles sont avec l'autre nounou et moi, par contre quand elles sont avec leurs parents ce sont de petits démons.. En même temps, l'autorité et eux ça fait 28. Enfin bon, je les aime ces petites, ça va être dur de les quitter..
Revenons-en au Texas, où j'avais prévu de voir des cow boys, des fermes, des chevaux, des saloons.. RIEN DU TOUT ! Je n'avais pas de voiture là bas, donc j'ai rien pu visiter ce que je regrette un peu.. Enfin j'étais quand même super contente d'avoir l'opportunité d'y vivre pendant 2 mois. J'y ai passé mon premier Halloween américain, très bof : j'ai fait du porte à porte avec la host family, j'aurais préféré une fête avec des djeun's et de la musique enfin bon. J'espère que le prochain sera ça.
Nous déménageons pour Los Angeles le 16 novembre 2012, et je l'avais tant attendu ce moment... arrivée à Los Angeles, "oh des palmiers partout !", "oh un climat comme je l'aime, chaud et sec !", "mon dieu je suis en Californie, à Los Angeles". J'avais toujours voulu venir voir la Californie, alors mon rêve était en train de se réaliser. Découverte de la maison : WOW. Très grande, très belle. Découverte du voisinnage : WOW, que des riches. Encore maintenant je m'y sens pas super à l'aise, ils sont tellement tous faux, hypocrites, superficiels.. Puis Nennett (l'autre jeune nounou qui nous a suivi à Los Angeles) retourne au Mexique en décembre, alors je me retrouve seule. Je visite autant que je peux, Hollywood boulevard, Sunset boulevard, les plages, Santa Monica, Getty museum.. Mais seule, c'est ennuyeux après 2 heures. Je commence à m'enfoncer dans une déprime sociale (ahaha), je ne sors jamais avec des amis, je ne vois que la famille d'accueil tous les jours, aucune vie sociale. C'était vraiment dur, mais cette phase est passée et j'ai commencé à rencontrer des gens, sortir plus, et bien sûr DORA ! L'autre fille au pair hongroise, qui vit à 10 minutes de chez moi, et avec qui vraiment je suis sur la même longueur d'ondes. Nous avons les mêmes objectifs : on est aux USA, il faut PROFITER, SORTIR, VISITER, FAIRE LA FETE ! Alors on s'y met, et vraiment je suis ravie de l'avoir rencontrée et de partager tous ces moments avec elle..
Au jour d'aujourd'hui, je me dis qu'une année est passée vite, mais je me rends aussi compte que les conditions ne se pas optimales. Parce qu'au début, on est tellement émerveillé(e) et euphorique qu'il n'y a pas la place pour les côtés négatifs, on ne voit que le positif (du moins pour moi). Puis quand on s'arrête de rêver et qu'on se concentre un peu plus sur la réalité, on se rend compte que ce n'est pas si beau si parfait. Ici vient le gros bilan général de mon année.
Les points positifs de l'aventure :
- Je visite les USA. (New York, Texas, Californie, Montréal, Washington DC, bientôt Hawaii) Quand on dit que les voyages forment la jeunesse, J'APPROUVE.
- Je vis dans le luxe, je vois des stars.. (même si je me rends compte de plus en plus que je pourrais m'en passer facilement)
- Je suis beaucoup plus indépendante, et oui livrée à moi-même dans un autre pays, sur un autre continent, je n'ai d'autre choix que de me débrouiller par moi-même, et franchement je suis super contente à ce niveau là.
- J'ai appris beaucoup sur moi-même, je me cerne mieux, je sais qui je suis. J'imagine que c'est lié au fait d'être loin de tout ce qui m'est familier en France, d'être seule et d'avoir à affronter les choses par moi-même sans l'aide de mes proches.
- La famille d'accueil est globalement sympa... Ma mère d'accueil essaye toujours de m'arranger au niveau du planning.
- J'ai rencontré des gens que j'apprécie vraiment, principalement Dora avec qui je veux vraiment rester en contact après cette aventure.
Ce que l'on ne m'avait pas dit avant de signer le contrat :
- Que j'allais travailler avec d'autres nounous. Et c'est très différent de travailler seule ou avec quelqu'un d'autre. Et quand cette autre personne ne travaille pas de la même manière, des fois c'est pesant.
- Que je serais supposée sortir les filles TOUS LES JOURS juste parce que rester à la maison c'est nul. Je suis d'accord que rester tous les jours à la maison c'est mauvais, mais de temps en temps ça fait pas de mal. Non non, tous les jours je dois aller quelque part avec les filles. Et vu que les petites ont 1 et 3 ans, ben elles ne s'intéressent à rien. Donc tous les jours, c'est centre commercial. Je commence à fatiguer de la routine. Toujours, toujours pareil.
- Que je ne pourrais pas utiliser la voiture sur de grandes distances ou trop souvent (parce que c'est une location, et qu'ils payent au kilométrage..) alors qu'ils ont en tout 8 voitures. Mais non non, aucune que je peux utiliser sereinement..
- Que la grand-mère viendrait habiter avec nous pendant des durées de 3 mois. Elle est sympa dans l'ensemble, mais c'est une personne de plus qui m'observe travailler et a des commentaires à faire. Je pourrais bien m'en passer.
- Que je devrais tenir ma chambre ultra clean et rangée à tout moment, vu qu'ils font visiter la maison à pleins de gens et qu'ils essayent de promouvoir leur designer. (mais c'est mon espace perso non ? C'est le seul que je peux avoir ici, étant à des milliers de killomètre de mon chez moi).
- Que j'allais me réveiller TOUS LES MATINS à 6h30 du mat' même en jour de congé, parce que bien sûr les gosses ça crie, ça pleure. Et bien sûr les parents, ça crie sur les enfants. Et bien sûr les nounous, ça chante super fort à 7h du mat. Et bien sûr les femmes de ménage, ça tape à ta porte à 8h du mat.
- Que le frigo ne serait jamais composé de "vraie" nourriture avec laquelle on peut faire des repas, mais simplement composé de : lait pour les petites, yaourts, fromage rapé, poulet pour les petites. En règle générale, c'est tout ce qu'il y a dans le frigo. Trèèèès rarement : du boeuf (youhouuu) et des légumes (yeaaah). Mon rapport à la nourriture ici est vraiment.. désespéré. Déjà qu'aux USA c'est pas le top, mais alors j'ai pas eu de chance avec cette famille. Ils n'ont jamais de repas fixe, on ne s'asseoit jamais tous autour d'une table pour manger ensemble. Chacun mange ce qu'il veut quand il veut. Et puis j'ai l'impression qu'ils ne mange jamais ces gens. Ils boivent leur poudre bizarre pour maigrir ou pour avoir du muscle, et ils mangent des tartines de beurre de cacahuète ou céréales + lait. Oui oui ce sont leurs repas de la journée. A ce niveau, je suis vraaiment déçue.
- Que mon père d'accueil est quelqu'un de très nerveux qui s'énerve pour un RIEN (le lait de soja n'était pas à sa place habituelle dans le frigo, il a pourri sa femme et ce n'est qu'un exemple parmi taaant d'autres). Il ne s'énerve jamais sur moi, mais l'ambiance quand il rentre dans une pièce est ultra tendue.
- Que ma mère d'accueil (et la grand-mère) feraient des remarques sur mon dos aux autres nounous. On ne me dit jamais rien en face. Après bien sûr je ne peux pas savoir si la nounou n'exagère pas un peu, mais bon. Je ne pense pas. Ce sont de petites choses qui paraissent n'être que des détails, mais accumulés ça fait que je ne me sens plus à l'aise dans cette maison, j'en viens à stresser pour n'importe quoi que je pourrais faire de travers.
Alors bien sûr, le bilan parait majoritairement négatif. Mais je dirais que ce n'est négatif que depuis un mois ou deux. Dans le global je vois toujours cette aventure comme très riche niveau personnel, et je suis ravie de l'avoir fait. Je vis des choses extraordinaires, je profite enfin de ma vie et de ma jeunesse. Mais hier j'en suis venue à me demander pour la première fois si j'allais être capable de rester un an de plus ici.
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